Du 05 au 12 mars 2017 s’est tenue à Assok, village situé à 8 kilomètres de Mintom vers la direction du Congo, la 3ème édition du festival culturel dénommé Baka Dream Days organisée par APIFED dans le cadre du programme de Promotion du Tourisme et REDD+ dans les Communes Forestières du Cameroun (PTREDD+CFC). L’objectif principal de cette manifestation dont le thème général était « Culture, tourisme et gestion durable des forêts : la dynamique féminine » visait à mettre en lumière la riche culture des peuples Pygmées Baka menacée par la modernité.

La cérémonie officielle du Festival a eu lieu le 09 Mars en présence du Représentant du Préfet du Dja et Lobo, des représentants des Ministères suivants : MINTOUL, MINEPAT, MINAC, MINAS, MINFOF, MINPROFF, du Maire de Mintom, de la Commission nationale des Droits de l’Homme et différentes autres autorités. En dehors de nombreux Pygmées Baka venus des Régions de l’Est et du Sud, il y avait une délégation d’une trentaine de Pygmées Bakola/Bagielli dont 3 avaient été à la soutenance de thèse organisée par le CERDOTOLA à Grand Zambi ; ils venaient des communes de Lolodorf, de Bipindi dans la Région du Sud et de Messondo dans la Région du Centre. Depuis le mois d’août 2016, le CERDOTOLA avait été identifié par les organisateurs comme partenaire idéal pour cette importante manifestation.

Pendant cette cérémonie d’ouverture, de nombreuses allocutions ont été prononcées par les autorités, qui relevaient chacune ce qui était fait à leur niveau pour œuvrer dans la promotion des peuples Pygmées tout en préservant leur culture. Pour réagir à tous ces discours, Jean Paul Ondoa, porte-parole des Baka issu du hameau Nkang par Djoum, a listé de nombreux problèmes auxquels sont confrontées leurs communautés, il a adressé leurs doléances à toute structure pouvant les aider à continuer à vivre la vie de leurs ancêtres menacée de disparition.

Le stand du CERDOTOLA a été une grande attraction avec  une Expo photo présentant la vie des Pygmées d’il y a un siècle. L’occasion était belle de présenter la structure panafricaine.

Dr Nke Ndih qui représentait l’Institution à cette manifestation a délivré une communication sur les sous-thèmes : ‘‘La femme Baka face aux changements climatiques’’, ‘‘Les fonctions de la forêt dans la société traditionnelle Baka’’ et ‘‘Le devenir de la femme Baka’’. Il a aussi  été le modérateur d’une communication de l’Ong FODER (Forêts et Développement Rural), intitulé « Maintenir les fonctions traditionnelles de la forêt pour les Peuples Autochtones dans un contexte d’exploitation forestière ».

Le festival Baka Dream Days a donné l’occasion aux communautés Pygmées de se rivaliser avec leurs chants et danses, mais aussi par les différents jeux. Parmi ces activités ludiques qui rentrent dans la culture Pygmée, le Ngek (jeu de citrouille) et le Grimper devaient opposer plusieurs équipes. Ces compétitions étaient coordonnées par un Professeur d’EPS au Lycée de Mintom, M. N’ZANG ZE Patrice, qui par ailleurs, a institué au sein dudit lycée le Ngek au même titre que les autres sports classiques des établissements secondaires au Cameroun.

La compétition de Ngek a vu la participation de 4 équipes : les Bagielli de Messondo, les Bagielli de Bipindi Lolodorf, les Baka et l’ENEF (Ecole Nationale des Eaux et Forêts). L’équipe de Messondo s’est montrée la plus adroite et a gagné la compétition.

Le grimper n’a eu qu’une seule équipe, celle des Baka parce que les Bagielli ont déclaré que chez eux, on ne grimpe pas en territoire étranger. Pendant la compétition de Ngek, ils ont aussi refusé les javelots préparés par les organisateurs en expliquant que chez eux, c’est chaque lanceur qui choisit et peaufine son projectile.

Pendant les échanges faisant suite à ces jeux, il a été évoqué par le professeur d’EPS du Lycée de Mintom l’hypothèse d’un substitut du fruit Ngek utilisé pendant ce jeu, car il est saisonnier et enseigner ce sport en toute saison devient une véritable gageure.

Ce festival a connu un grand succès, car l’animation continuait sur le site en forêt parfois jusqu’à 2 heures de la nuit. Pendant toute une semaine, la petite ville de Mintom est devenue une sorte de capitale pour les peuples Pygmées du Cameroun, qui ont démontré par leur animation que leur culture demeure une attraction pour les voisins Bantu.

 

Source : Rapport de Mission de Dr Jean Nke Ndih, mars 2017

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L’ONG APIFED est une organisation d’appui au développement qui travaille dans la commune rurale de Djoum et en milieu urbain avec les femmes et les jeunes désœuvrés. L’organisation intervient dans les villages et dans les domaines suivants :

  • Appui de la production et de la commercialisation des tubercules, des féculents et des PFNL

Encadrement des femmes et des jeunes dans la production et la commercialisation des produits maraîchers ;

  • Diffusion des affiches de sensibilisation sur les espèces protégées

En milieu urbain, APIFED intervient dans l’auto-promotion de l’emploi des jeunes désœuvrés. Le programme d’activités de la structure prévoit tout au long de l’année :

  • Le développement de la production des semences (manioc, maïs, banane, plantain) ;
  • Le renforcement organisationnel à travers la constitution d’un répertoire des organisations de production dans le Grand Djoum ;
  • L’encadrement des GIC (Groupement d’Intérêt Communautaire) ;
  • La formation des jeunes filles en informatique et en coiffure.