La grande surprise du deuxième jour de l’atelier international sur l’Alimentation Patrimoniale des Africains – ALIPA, le 25 mai, a été l’arrivée de l’Ambassadeur de la Tunisie au Cameroun S.E Jalel Snoussi, accompagné d’une équipe qui a partagé l’expérience de la Tunisie sur comment valoriser les produits pouvant concurrencer le marché international, tel que l’huile d’olive. La Tunisie est troisième producteur mondial et le deuxième exportateur de ce produit. La délégation tunisienne a détaillé les étapes de standardisation de leurs produits selon les normes internationales. Ceci a été suivi par une présentation des plats traditionnels tunisiens aux participants. L’Ambassadeur de la Tunisie au Cameroun a exprimé son admiration pour l’harmonisation de l’alimentation et de l’héritage avec des indications géographiques et a réaffirmé son soutien au Secrétaire Exécutif du CERDOTOLA.
L’atelier international sur l’Alimentation Patrimoniale des Africains –ALIPA était divisé en quatre sessions. La première était axée sur l’alimentation patrimoniale des Africains, les savoir-faire, la transformation, la conservation et la valorisation. La première partie des conférences a été modérée par Henri Moussima en remplacement du Professeur Daniel Abwa de l’université de Yaoundé I et le lendemain par le Professeur Bienvenu Denis Nizesete de l’université de Ngaoundéré.
Des sujets concernaient ce que nous mangeons, les aliments africains fermentés dans le passé et le présent, les spécialités culinaires dans les Grassfield du Cameroun et des événements historiques, la qualité des boissons produites localement (Bili bili), la consommation des plats tabous dans la tradition Béti, les habitudes alimentaires locales et la qualité du Bobolo, la consommation du Koki chez les Sawa ainsi que le Ndolè qui est devenu un plat national du Cameroun.
Pendant les débats, les participants se sont interrogés sur la nécessité de changer de mentalité et se sont demandé pourquoi on ne leur avait pas servi des plats traditionnels africains et en particulier du Cameroun lors de la cérémonie d’ouverture.
Il a été surligné que les produits locaux doivent être valorisés. Selon Sa Majesté Bruno Mvondo, des tonnes de noyaux de mangues sauvages (ogbono) sont exportés du Cameroun au Nigéria. Nous pouvons prendre le « Eru » ou l’ « Okok » comme d’autres exemples.
Selon le Dr Fofiri Nzossie de l’université de Ngaoundéré, les africains mangent à tout type d’occasions qu’elles soient heureuses ou tristes. Par conséquent, il y a nécessité de créer une base de données des plats traditionnels africains ;
Les débats ont également convergé autour de la nécessité de promouvoir des restaurants qui présentent uniquement des plats traditionnels. On a trouvé un restaurant très fréquenté qui cuisine des aliments du Nord-Ouest, Sud-Ouest et du Littoral. Plus tard, il a été conclu que la recherche resterait un facteur dominant pour la transformation, conservation et promotion du patrimoine alimentaire des Africains.
Les présentations de la deuxième session étaient dédiées aux défis socio-économique et culturels de l’alimentation patrimoniale des africains. L’étude de cas portait sur l’art culinaire et la séduction chez les Guiziga de la région Extrême Nord du Cameroun, le type de légumes, racines et plantes utilisés comme aphrodisiaques dans certaines situations comme après la naissance d’un enfant ou de la ménopause chez les femmes.
L’accompagnement institutionnel de l’alimentation patrimoniale des africains a constitué la troisième phase de l’atelier. Selon le Dr. Pascal Atangana du Comité National d’Indication Géographique du Ministère des Mines, Industries et du Développement Technologique, le Cameroun se concentre sur les méthodes de protection des produits suivant leur zone géographique. Le Ministère travaille avec d’autres partenaires dans ce but et ils étudient deux cas : le miel blanc Oku et le poivre blanc de Penja. Plusieurs produits africains ont été identifiés mais la contrefaçon reste leur principal défi.
La quatrième et dernière session portait sur le processus de patrimonialisation de l’alimentation et était modérée par le Professeur Robert Ndjouenkeu. Les débats étaient centrés sur la promotion de l’alimentation patrimoniale camerounaise et ses difficultés, le défi de préservation de l’identité alimentaire africaine tout en soulignant les habitudes alimentaires camerounaises dans le secteur du tourisme…
Au vu de ces observations un changement d’attitude est recommandé comme le fait d’introduire dans les cantines universitaires qui pour la plupart servent des produits étrangers : riz, pâtes et sauce tomate avec du maquereau (poisson importé) pour revenir à nos plats traditionnels qui possèdent des vertus thérapeutiques et éliminent les maladies telles que le diabète et le cancer. Plusieurs universités comme celles de Ngaoudéré et Yaoundé du Cameroun et d’autres universités du Bénin, Sénégal, Madagascar, Côte d’Ivoire et la FAO (Food And Agricultural Organisation) ont également fait des présentations.