La journée internationale des archives consacrée par le Conseil International des Archives (ICA) est l’occasion idoine de percevoir l’importance des archives dans la constitution de la mémoire historique, culturelle et institutionnelle des sociétés. Placé sous le thème « archives, citoyenneté et interculturalisme », cette journée nous permet de réinterroger le rôle du CERDOTOLA dans la constitution et la valorisation du patrimoine oral de l’Afrique.

Le questionnement sur la valorisation des archives orales nous oblige un instant à nous  remémorer le contexte et les réalités historiques de l’Afrique, notamment la place de l’oralité dans les traditions Africaines. Jusqu’à un passé récent, l’oralité prenait une dimension exceptionnelle du fait même de la rareté et de la présence tardive de l’écrit dans nos réalités africaines. Les griots étaient responsables de l’information, de sa vie, de son intégrité et de son authenticité. Un patrimoine culturel aujourd’hui qui pâtit d’un manque d’intérêt, d’une non-représentativité, d’une inquantifiabilité, d’une subjectivité et même d’une artificialité de source.  D’autre part les incertitudes juridiques, la confiance aux sources écrites et leur méconnaissance viennent atténuer le rayonnement que pourraient avoir les archives auprès du grand public et des spécialistes.

L’appellation « archives orales » couvre potentiellement un large spectre de documents, ce qui complexifie sa compréhension et sa perceptibilité. Ce n’est qu’à partir des années 1970 que des essais de définition ont vu le jour et en 1978, D. Aron-Schnapper et D. Hanet précisaient: «Constituer des archives orales, ce n’est pas seulement recueillir des documents déjà existants – travail de l’archiviste – , ni faire œuvre d’historien – celui qui analyse et interprète – , mais élaborer des documents oraux (même s’ils sont transcrits, ils gardent la forme orale) pour remplacer ou compléter des documents écrits inexistants ou incomplets ». Il se dégage en filigrane, une perspective de constitution et de valorisation de ce patrimoine oral. Le CERDOTOLA s’est rapidement illustré en s’inscrivant admirablement dans cette démarche à travers le projet ALORA (Archives numériques des Langues et des Ressources Orales d’Afrique ou The Archive of Languages and Oral Resources of Africa) qui est une plateforme ouverte  de diffusion d’archives orales. Ce projet collectif,  combinant les technologies Web et les innovations récentes, ambitionne de sortir le patrimoine culturel de l’Afrique de l’isolement et de sa méconnaissance. Il s’agit de restituer au grand public toute la richesse des archives orales mais également d’en faire la substance des recherches scientifiques en Afrique et même au-delà. Cette institution, qui œuvre depuis 40 ans au rayonnement de l’Afrique à travers ses traditions et ses langues, à travers  sa noble mission de restitution de la mémoire de l’Afrique, saisit cette journée internationale des archives pour réaffirmer son positionnement dans cette démarche de valorisation des archives orales.