La Déclaration de Hangzhou annonce la prochaine ère de développement humain

UNESCO Director-General, Irina Bokova, speaking at the welcome reception of the International Hangzhou Congress, China, May 2013.

Appelant une nouvelle approche en matière de développement durable, la « Déclaration de Hangzhou » plaide pour placer la culture au cœur des politiques publiques. La Déclaration appelle les gouvernements, la société civile et le secteur privé à exploiter la puissance de la culture face aux enjeux de développement les plus urgents de la planète, tels que la durabilité environnementale, la pauvreté et l’inclusion sociale.

« La culture est précisément ce qui permet la durabilité – comme source de force, de valeurs et de cohésion sociale, d’estime de soi et de participation. La culture est notre force la plus puissante pour la créativité et le renouvellement. », a déclaré la Directrice générale, Irina Bokova.

Publiée à la fin du Congrès international de Hangzhou, la Déclaration est le fruit d’intenses discussions menées par plus de 100 experts, parmi les personnes au monde possédant une connaissance du domaine de la culture et du développement des plus approfondies. Ils ont uni leurs forces afin de prouver le lien inextricable entre culture, développement et paix durables. Le Congrès est le plus grand évènement d’envergure mondiale en 15 ans dédié à la culture et au développement. Suite à l’adoption de la Déclaration, la Commission nationale de la Chine auprès de l’UNESCO, la ville de Hangzhou et le Vice-ministre de l’éducation de la Chine, ont signé une déclaration commune pour mettre en œuvre ensemble ses recommandations.

© UNESCO/Michel Ravassard
Maquillage du danseur – Rituel masqué du Karnataka (Sud de l’Inde).

En s’appuyant sur le plaidoyer de l’UNESCO qui tend à démontrer de longue date le lien entre culture et développement, la Déclaration rassemble une dizaine d’années d’exemples et d’initiatives visant à mettre en valeur le rôle indispensable de la culture pour le développement durable. La culture est à l’avant-garde du développement économique et social dans un nombre croissant de pays. Pourtant, la culture n’est pas encore pleinement intégrée dans les stratégies de développement durable à travers le monde. La Déclaration de Hangzhou demande instamment que les politiques publiques en tiennent compte et intensifient la variété des initiatives menées au niveau local et national.
En raison du rôle transversal de la culture dans une variété de domaines, la Déclaration exhorte les parties prenantes dans le secteur culturel et au-delà – comme l’éducation, la santé et la planification urbaine – à intégrer la culture dans les stratégies de croissance sociale et de développement.

Les industries culturelles et créatives, comme le tourisme ou le patrimoine, et les infrastructures culturelles, comme les musées et les théâtres publics, sont des moteurs pour le dialogue et la cohésion sociale, ainsi que pour les emplois et les revenus, en particulier dans les pays en développement, ainsi que dans la lutte contre la pauvreté, le chômage et la violence. La Déclaration suggère que l’économie créative, alimentée par la puissance des nouvelles technologies, peut être la prochaine nouvelle économie, succédant aux économies agraire, industrielle et de services.

La Déclaration de Hangzhou est une étape clé dans le plaidoyer de l’UNESCO pour intégrer la culture dans les stratégies de développement durable, comme la communauté internationale façonne un nouvel agenda mondial pour le développement durable après 2015. Ses recommandations portent notamment sur :

Intégrer la culture dans toutes les politiques et programmes de développement, à égale mesure avec les droits humains, l’égalité et la durabilité
Mobiliser la culture et la compréhension mutuelle pour favoriser la paix et la réconciliation
Assurer les droits culturels pour tous pour promouvoir le développement social inclusif
Tirer parti de la culture afin de réduire la pauvreté et de construire le développement économique inclusif
Miser sur la culture pour promouvoir la durabilité environnementale
Utiliser la culture pour mieux appréhender les catastophes et combattre le changement climatique  grâce à l’atténuation et à l’adaptation
Valoriser, préserver et transmettre la culture aux générations futures
Maîtriser la culture comme une ressource pour parvenir au développement urbain durable et assurer sa gestion
Capitaliser sur la culture pour favoriser des modèles innovants et durables de coopération

Saad Akhtar –
Opera performance in Beijing (China)

Le Congrès Hangzhou est intervenu à un moment critique, moins de mille jours de la date butoir de 2015 alors que le monde débat l’armature d’un nouvel agenda de développement post-2015.Il est attendu que la Déclaration de Hangzhou joue un rôle crucial dans la promotion de la pleine intégration de la culture dans les objectifs de développement après 2015.

Pour la très honorable Michaëlle Jean, envoyée spéciale de l’UNESCO pour Haïti, les programmes d’aide en Haïti qui ont le plus d’impact sont ceux qui intègrent les caractéristiques culturelles des populations cibles : « les tentes d’urgence devaient être reconfigurées selon les villages d’Haïti, non dans des lignes droites, comme c’est trop souvent le cas. »

Pour Sir Fazle Hasan Abed, fondateur de BRAC (Bangladesh Rural Advancement Committee), si le développement doit être durable, il doit être ancré dans la culture et les tissus sociaux. Par exemple, en 1979, la mortalité infantile au Bangladesh a atteint un niveau de 252 décès pour mille. La plupart de ces taux de mortalité infantile avaient été dus à la diarrhée, facilement traitable avec une solution de réhydratation orale. Les tentatives visant à enseigner aux femmes des villages l’importance de l’utilisation de cette solution avaient d’abord été décevantes. Et il s’est avéré que c’était parce que les hommes n’avaient pas encouragé son utilisation dans les ménages. Suite à un important travail parmi les hommes, la mortalité infantile au Bangladesh atteignait désormais moins de 40 pour mille, le taux le plus faible en Asie du Sud, ce qui démontre que si une intervention n’était pas culturellement appropriée et que si elle n’avait pas été acceptée, elle n’aurait pas fonctionnée.
Selon Wiendu Nuryanti (Vice-ministre de l’Éducation et de la Culture pour les affaires culturelles de la République d’Indonésie), 10 pour cent du PIB de l’Indonésie provient désormais, directement ou indirectement, des industries créatives. Le temple Borobudur, un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO est pour elle, un exemple parfait de l’importance du patrimoine culturel en Indonésie. Situé dans un quartier à majorité musulmane, il est le plus grand temple bouddhiste du monde et la population locale est très consciente de son importance pour l’économie locale. Il attire cinq millions de visiteurs par an, 90 pour cent d’entre eux sont des nationaux. Le temple a provoqué directement ou indirectement la création d’un million d’emplois.

Selon Carlos Villasenor (Président de l’interactivité culturelle et du développement), se tourner vers le secteur culturel a aidé la ville colombienne de Medellin, qui était marquée par une violence endémique dans les années 1990, à diminuer cette violence de 80% en un revirement spectaculaire. En 2011, 30% du budget de la ville a été investi dans l’éducation, la culture, l’aménagement paysager et urbain. De nouvelles infrastructures culturelles telles que des bibliothèques publiques et des salles de concert ont donné à tous accès à la culture. Un nouvel aménagement urbain réussi à rassembler les résidents à travers la création d’espaces verts librement accessibles.

« La diversité, la durabilité et le dynamisme de ces initiatives prouvent la viabilité de la culture dans les modèles de développement. Leur valeur doit être reconnue et soutenue par les politiques publiques au plus haut niveau. Inscrivons désormais la culture dans l’agenda de développement mondial ! », a déclaré la Directrice générale.